Français
La Galerie de Buci présente une exposition au cœur de l’œuvre gravée de Marc Chagall.English
This summer, the Galerie de Buci presents a journey into the intimate, engraved world of Marc Chagall.The exhibition brings together four major bodies of work: Mein Leben, his visual autobiography; Dead Souls by Gogol; The Fables of La Fontaine; and his deeply spiritual vision of The Bible.
Français
Marc Chagall naît en Biélorussie dans une famille juive hassidique. Après des études à Saint-Pétersbourg, il découvre Paris en 1910, où il se nourrit du cubisme et des avant-gardes. De retour en Russie pendant la Révolution, il fonde une école d’art à Vitebsk avant de repartir vers l’Ouest. Il s’installe définitivement en France après un long exil durant la Seconde Guerre mondiale.English
Marc Chagall was born in 1887 in Vitebsk, in present-day Belarus, to a Hassidic Jewish family. After studying in Saint Petersburg, he moved to Paris in 1910, where he encountered Cubism and the burgeoning modernist scene. Returning to Russia during the Revolution, he founded an art school in his hometown before eventually leaving for good. After a long exile during World War II, he settled permanently in France.Français
Mein Leben — Ma vie — n’est pas une autobiographie au sens chronologique. C’est une cosmogonie intime. Chagall y grave non pas des faits, mais des éclats de mémoire : une rue de Vitebsk au crépuscule, un violon suspendu dans l’air, une femme qui flotte comme un secret au-dessus des toits. L’enfance y est un rêve sans contour, un territoire à jamais perdu et pourtant toujours présent.English
Mein Leben — My Life — is not an autobiography in any linear sense. It is an intimate cosmogony. Chagall etches not facts, but flashes of memory: a twilight street in Vitebsk, a violin suspended in air, a woman floating like a secret above the rooftops. Childhood is not reconstructed — it is dreamt, borderless, a lost land that is somehow still present.Français
Dans son premier grand travail en tant qu’illustrateur, son premier livre d’artiste, Les Âmes mortes, Chagall rejoint l’univers grotesque et mélancolique de Gogol avec une série de eaux-fortes et aquatintes où les personnages surgissent comme des spectres, oscillant entre satire sociale et rêverie mystique. L’absurde bureaucratique russe du XIX siècle y trouve son écho dans une ligne fluide, un humour décalé, presque douloureux, où l’on devine le vécu du peintre.English
Dead Souls, Chagall’s first major commission as an illustrator and his first livre d’artiste, transports us into Gogol’s absurd, haunting Russia. His etchings and aquatints bring forth a cast of ghostlike figures, grotesque, tender, and comic, balancing on the edge of satire and mysticism. The surreal machinery of 19th-century Russian bureaucracy pulses through Chagall’s fluid, uneasy lines. A subtle, aching humor infuses the images, echoing the artist’s own experience of exile and displacement.Français
Dans Maternité, Chagall réalise cinq eaux‑fortes extraites du récit de Marcel Arland — une nouvelle narrée à rebours, de la mort d’un enfant illégitime jusqu’à la nuit d’amour originelle. Ces images n’illustrent pas seulement les scènes : elles recréent une temporalité inversée, un cauchemar poétique où la douleur devient musique de formes.English
In Maternité, Chagall created five etchings for Marcel Arland’s story — a narrative told in reverse, from the death of an illegitimate child back to the lovers’ first night. These images do more than depict—they reforge time, crafting a poetic reverse chronology where sorrow becomes the rhythm of form.Français
Les planches consacrées aux Fables de La Fontaine révèlent une facette plus malicieuse, presque espiègle, de Chagall graveur : celle d’un fabuliste moderne, héritier des traditions orales et des légendes populaires, mais guidé par une main habitée par la poésie. Le trait, ici, semble plus vif, plus joueur. Il bondit, il feinte, il caracole d’un animal à l’autre, comme un pinceau qui aurait troqué la solennité biblique contre l’ironie douce d’un conte moral.English
The plates devoted to La Fontaine’s Fables reveal a more mischievous, almost impish side of Chagall the engraver: that of a modern fabulist, heir to oral tradition and folk legend, guided not by academic rigor but by the invisible hand of poetry. His line here is livelier, more playful. It leaps, dodges, and pirouettes from one animal to the next, like a brush that has traded biblical solemnity for the sly delight of moral parable.Français
Avec La Bible, Chagall ne se contente pas de raconter les Écritures : il les traverse, les habite, les rêve. Loin de l’imagerie spectaculaire ou dogmatique, ses gravures en noir et blanc semblent venir d’un autre temps – ou d’un autre silence. Elles naissent dans un souffle ancien, celui des bergers, des prophètes, des visions nocturnes où Dieu parle entre deux éclairs.English
With The Bible, Chagall does not simply depict Scripture — he moves through it, inhabits it, dreams it. Far from spectacle or dogma, his black-and-white etchings seem to rise from another time — or another silence. They emerge from the breath of shepherds, of prophets, of nighttime visions where God speaks in flashes of thunder.